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UNIVERSITÉ D'OTTAWA Faculté des Arts

Laboratoire de français ancien


La Vengeance Raguidel

 Présentation de la varia lectio

(fin de la rédaction: le 6 février 2002)

Plan

§0.
§1.

§1.1
.
§1.2.
§1.3.
§1.4.
§1.5.
§1.6.
§1.7.
§2.

§2.1.
§2.2.
§3.
§3.1.
§3.2.
§3.2.1.
§3.2.2.
§3.2.3.

§3.2.3.1.
§3.2.3.2.
§3.2.3.3.
§3.3.
§4.
§5.
VengRagP et sa varia lectio.
Procédures communes au document "Varia lectio de M" et au document "Varia lectio de
ABL".
Repères.
Vers faux.
Principes de transcription des variantes.
Ambivalence des italiques.
Ponctuation moderne.
Ponctuation des mss.
Les éléments de décoration des mss.
Procédures propres à la varia lectio du ms de base, à savoir "Varia lectio de M" en entier et "Varia lectio de ABL", à partir du v. 6003.
Varia.
Identification des passages de VengRagP objets de variantes.
Procédures propres à "Varia lectio de ABL" avant le vers 6003.
Varia.
Cas général.
Identification des passages de VengRagP objets de variantes ; usage des bornes.
Choix des variantes.
Cas particulier : variantes graphiques des noms propres et des adjectifs formés sur des 
noms propres.
Considération variées.
Variantes de noms propres : cas général.
Le mot "Dieu".
Passages où le texte est conservé dans trois manuscrits.
Abréviations et métagrammes utilisés dans le présent document.
Abréviations propres aux pages "Varia lectio de M" et "Varia lectio de ABL".

§0. VengRagP et sa varia lectio 

Le texte VengRagP, long de 6092 vers, est basé sur M, sauf pour la fin (vers 6003-6092), absente de M et basée sur A. La varia lectio de VengRagP est présentée dans trois pages : "Appendice", passage de 28 vers propres à A, "Varia lectio de M" et "Varia lectio de ABL". Nous traitons ici des deux derniers de ces documents : l'un comporte la varia lectio de M par rapport au texte VengRagP, l'autre la varia lectio des mss A, B, L par rapport au texte VengRagP (réserve faite de l'Appendice publié dans "Appendice"). Ce que j'appelle varia lectio consigne les variantes, mais aussi quelques particularités des mss telles que graphies douteuses, ponctuation, etc.

§1. Procédures communes au document "Varia lectio de M" et au document "Varia lectio de ABL"

§1.1. Repères 
Dans ces documents, les chiffres graissés réfèrent aux numéros de vers de VengRagP. Les leçons des mss sont en romain ; elles ne sont généralement pas suivies du sigle du ms qui les contient. Quand ce sigle est absent, il est à comprendre comme M dans la page "Varia lectio de M" et il est à comprendre comme A dans la page "Varia lectio de ABL", document qui, touchant la mention des sigles, est plus complexe dans les passages qui consignent la varia lectio de deux manuscrits à la fois, AB et AL : voir §3.3. Les majuscules munissant des mots de VengRag ont deux fonctions : elles marquent les initiales des vers et celles des noms propres.

§1.2. Vers faux 
Les vers faux sont signalés systématiquement par des mentions de type "(-1)" ou "(+1)" (le chiffre peut varier) ; mais les endroits où le copiste de M a écrit q surmonté d'une barre alors que la mesure exige de lire qu' avec élision de e, s'ils sont bien consignés dans l'apparat, ne sont néanmoins pas suivis de la mention "(+1)" : traitement de faveur à l'égard du copiste de M, cf. entre autres 1773M, 1869M.

§1.3. Principes de transcription des variantes
 La varia lectio n'est ni diplomatique ni semi-diplomatique : de façon générale, les formes de la varia lectio sont éditées selon les mêmes principes que VengRagP en ce qui concerne lettres ramistes, diacritiques, traitement des abréviations, emploi des majuscules de noms propres, coupe des mots, apostrophe. Le corpus des variantes et du texte établi est donc homogène, ce qui devrait faciliter la recherche de formes. Les exceptions à ce traitement concernent les noms propres, qui font l'objet d'une procédure spéciale (voir §3.2.3), et des passages où il a paru opportun de cerner la pratique des copistes. Ainsi, pour la coupe des mots de 45M.

§1.4. Ambivalence des italiques 
Lorsque l'on décide de marquer la présence d'abréviations (voir §2.1 et §3.2.3) dans les mss, ces abréviations sont le plus souvent développées en italiques, cf. "chevalerïes" 2007M, "griés" 1787M. On tente parfois de reproduire de plus près que par cet usage d'italiques la pratique des copistes, cf. après 4572A : "/./ se tu t'eskrignes (? tesk'ignes MS /./)". L'existence de ce type d'occurrence (assez rare) montre que l'apparat accueille à l'occasion deux systèmes graphiques (dans t'eskrignes et tesk'gnes, les apostrophes n'ont pas la même valeur), ce qui est naturellement une procédure condamnable ! Mais, théoriquement du moins, le lecteur est toujours en mesure de reconnaître s'il est en présence du système graphique de l'éd. (type t'eskrignes) ou de celui d'un ms (type tesk'gnes) ; ici, ce dernier est éclairé par la mention "MS".

§1.5. Ponctuation moderne
On n'a pas ponctué le texte de la Vengeance Raguidel dans la varia lectio.

§1.6. Ponctuation des mss 
Tous les signes de ponctuation des mss qui suivent un mot écrit en clair ont été relevés. Ces signes indiquent en principe la ponctuation des phrases. "En principe", car la prudence s'impose dans certains cas, ainsi pour le nom de Keu, parfois écrit en clair et suivi d'un point dans les mss, lequel paraît fonctionner comme un point d'abréviation ; inversement, certains points suivant des mots abrégés pourraient aussi être interprétés comme des signes de ponctuation de phrase.

§1.7. Les éléments de décoration des mss 
Dans le texte de la Vengeance Raguidel, les quatre mss comportent tous sporadiquement des initiales de vers sobres et réalisées "en couleur(s) dans un corps plus grand que le reste du texte" (Jacques Lemaire, Introduction à la Codicologie, Louvain-la-Neuve 1989, p. 189) ; nous avons utilisé le terme de lettrine dans notre varia lectio pour désigner ces grandes initiales. En outre, M est orné de miniatures et de ce que nous appelons "lettre historiée" en 4587M, et A commence par une initiale plus grande et plus ornée que les autres. En consultant l'ensemble constitué par VengRagP et la varia lectio, on pourra savoir à quels endroits de chacun des mss apparaissent ces éléments de décoration, à condition de tenir compte des informations qui viennent. Dans la varia lectio est mentionnée explicitement la présence de "lettre historiée", très grande initiale et miniatures, mais la présence de grandes initiales (appelées, répétons-le, lettrines dans notre varia lectio) n'est souvent pas signalée explicitement : elle doit se déduire de l'existence d'initiales de vers graissées dans VengRagP. Plusieurs cas sont à envisager concernant la signalisation de la présence des grandes initiales. 1/ Une initiale de vers graissée de VengRagP correspond à la présence d'une grande initiale dans un ms au même endroit (cas fréquent) : la mention "lettrine" ne figure pas dans la varia lectio du ms concerné ; par ex., au v. 255, M et A présentent tous deux une grande initiale ; au vers 1, M comporte une miniature, A une très grande initiale, L une grande initiale : la varia lectio n'enregistre pas que L porte une "lettrine", mais signale la décoration de M et de A. Cas particulier : le même vers commence par une grande initiale dans M et dans un autre ms, mais non par le même mot : dans ce cas, la varia lectio dévolue aux mss autres que M porte la mention "lettrine" (ex. : 273A, 3159A). 2/ À une initiale de vers graissée de VengRagP ne correspond pas de grande initiale dans un ms : la varia lectio mentionne "pas de lettrine" pour ce ms ; par ex., en 3316 ni M ni A ne commence par une grande initiale ; en 145, M comporte une grande initiale, mais ce n'est pas le cas de A. (Le cas où VengRagP porterait une initiale de vers graissée correspondant à un élément de décoration dans un ms autre que M alors que M n'en comporterait pas, ce cas ne se présente pas.) 3/ Un ms présente une grande initiale, mais il n'y a pas d'initiale de vers graissée dans l'édition : la varia lectio mentionne "lettrine" pour ce ms (ex. : en 1215, M ne comporte pas de grande initiale, A en comporte une). Nota : si un ms. comporte une grande initiale fautive ou un espace laissé en blanc pour une grande initiale, cela est toujours signalé, cf. par ex. 5027A et 3705M  : dans ce dernier cas, l'aspect particulier de M a amené la mention explicite de "lettrine" dans la varia lectio de A. Au total, concernant la présence des grandes initiales, nous avons un apparat de type "négatif", qui gagne de la place mais exige de l'attention.

§2. Procédures propres à la varia lectio du ms de base, à savoir "Varia lectio de M" en entier et "Varia lectio de ABL", à partir du v. 6003

§2.1. Varia
La varia lectio du ms de base (M du v. 1 au v. 6002, A seulement du v. 6003 à la fin du texte) est consacré à des particularités de ce ms qui n'apparaissent pas dans VengRagP, telles que repentirs du copiste (cf. 210M), façons de grouper ou de séparer les mots pouvant présenter quelque intérêt (cf. "en ermie" 4432M), endroits où l'on n'a pas conservé la leçon du ms. Lorsque je cite des formes du ms de base, je le fais en mettant toujours en évidence les endroits où ce ms abrège : ainsi, "perge" 45M correspond à <pge> de M, cf. aussi "grinnor" 6089A. (Dans le reste de la varia lectio, cette mise en évidence n'est systématique que pour les noms propres cités dans certaines conditions, voir §3.2.3.) Les leçons de M qui ont été corrigées d'après d'autres mss sont accompagnées de la mention "corr. d'après" suivie du sigle du ms qui a inspiré la correction ; si la leçon adoptée dans VengRagP suit textuellement un autre ms que le ms de base, cette leçon n'est pas reproduite dans la section dévolue aux mss autres que le ms de base, c'est-à-dire, dans le document "Varia lectio de ABL" jusqu'au vers 6002 (ex., 355) ; si la leçon adoptée dans VengRagP ne reproduit pas littéralement le ms dont on s'inspire pour la correction, l'on trouvera dans le document "Varia lectio de ABL" la leçon littérale du ms en question (ex. Segnor, tasciés, VengRagP 157 : on lit à propos de cette correction dans le document "Varia lectio de M" : "s. lasciés corr. d'après A" ; en se reportant au document "Varia lectio de ABL" , on voit que A porte en fait tassiés : dans ce cas, lasciés de M a été corrigé selon l'esprit, non selon la lettre de A).

§2.2. Identification des passages de VengRagP objets de variantes 
Dans l'ensemble "Varia lectio de M" et "Varia lectio de ABL" à partir du vers 6003, trois procédés sont mis en œuvre, qu'illustreront trois exemples. Donques per ge ma dignité de VengRagP 45 fait l'objet de la variante "perge" 45M : tout lecteur comprendra que per ge de VengRagP traduit le groupe p barré, ge de M, écrit en un mot ; c'est le type de présentation le plus fréquent. Demain en une altre contree deVengRagP 2338 fait l'objet de la variante "un a." 2338M : on comprend que un de M a été corrigé en une dans l'édition. Et lascent mon segnor Gavain de VengRagP 4582 fait l'objet de la variante "lascent : lasce corr. d'après A" 4582M : M porte lasce, corr. en lascent dans l'éd. Je m'en remets donc à l'intelligence du lecteur habile à se mouvoir entre bornes (cf. 2338M, encore manque-t-il la borne de gauche !), rappel explicite de ce qui est objet de variante (cf. 4582M), et pour finir en quelque sorte rien du tout (cf. 45M). Je n'ai pas pratiqué de système unique.

§3. Procédures propres à "Varia lectio de ABL" avant le vers 6003

§3.1. Varia
Rappel : après le vers 6003, A sert de sert de base à VengRagP, ce qui induit certaines particularités de présentation de ses variantes : voir §2.

§3.2. Cas général 
Sauf pour certaines formes de noms propres (voir §3.2.3), les variantes consignées dans la page "Varia lectio de ABL" avant le vers 6003 sont à comprendre comme des variantes par rapport au texte de VengRagP. On ne perdra pas de vue que ce texte ne coïncide pas toujours avec celui de M. Une section spéciale (voir §3.3) est consacrée à certaines particularités de la varia lectio aux endroits où la Vengeance Raguidel est contenue dans deux mss à la fois outre M, successivement AL et AB. La présente section concerne les procédures de présentation communes aux variantes de A, L et B.

§3.2.1. Identification des passages de VengRagP objets de variantes ; usage des bornes 
Généralement, les variantes sont bornées à gauche et à droite par les initiales respectives des mots qui les encadrent. Toutefois, si le premier mot variant coïncide avec le premier mot du vers, ce mot n'est pas lui-même précédé de borne ; et si le dernier mot variant coïncide avec le dernier mot du vers, il n'est pas suivi de borne. En cas d'ambiguïté, on a borné au moyen des initiales de deux mots consécutifs (cf. 86A, 734A, etc.) ou de trois (890A), ou au moyen des deux premières lettres d'un mot (11A, etc.) ou au moyen d'un mot entier (515A, 1643A, etc.) ; on notera en particulier qu'un mot entier peut servir de borne si ce mot est un nom propre qui diffère graphiquement de celui du texte édité : ainsi, on lit Un seul qui à Deu nes conmant VengRagP 4425, et en varia lectio, "Diu nel c." (et non "à D. nel c." ou "D. nel c.") : dans ce cas, l'absence de mention telle que "(-1)" etc. montre que le vers de A est juste, en conséquence de quoi on ne peut se tromper en identifiant ce qui fait l'objet de variante. Lorsque la variante ne porte que sur un nom propre, et que cette variante revêt elle-même la forme d'un nom propre, elle est généralement citée sans borne : son initiale majuscule permet de l'identifier.

§3.2.2. Choix des variantes 
Ont été relevées systématiquement les variantes impliquant le sens, l'ordre des mots ou le rythme du vers. Les variantes purement graphiques ou morphologiques ont été notées seulement dans les cas suivants : lorsqu'une leçon a servi pour une correction mais n'a pas été suivie dans sa graphie : cf. fin de §2.1 ; lorsqu'une leçon est susceptible de plusieurs interprétations (cf. fals 453A : si le mot signifie "fou", nous avons une variante graphique par rapport à fols de VengRagP ; s'il signifie "faux", c'est une variante de sens) ; mais on a exclu de la varia lectio des leçons qui à la limite feraient sens, mais qui sont presqu'à coup sûr des erreurs des copistes (par ex. en 902 au lieu de avons, A porte <auos>, qui pourrait à la rigueur se comprendre a vos ou à vos, mais qui ne se construit pas : cette leçon n'est donc pas répertoriée) ; lorsqu'une leçon éclaire le texte de VengRagP (cf. jugiés 1201A, trestuit 4246A par rapport à juciés et trestot de VengRagP) ; lorsque la variante porte sur un nom propre (sauf quand il s'agit du mot "Dieu") ou sur un adjectif formé sur un nom propre (cf. norrois 1330A par rapport à norois de VengRagP) : la procédure concernant les noms propres et les adjectifs formés sur des noms propres est détaillée §3.2.3. J'ai consigné systématiquemet les variantes suivantes quand elles se rencontrent : car / que ; le type (-)cis / (-)cil comme en 5834A (mais le type (-)cil / (-)cius a été exclu : ainsi on ne trouve pas en varia lectio Icius de A au vers 5736, alors que VengRagP porte Icil) ; com / conme en toutes positions ; dusqu- / jusqu- / des qu- ; les formes de l'adverbe signifiant "ainsi" qui se distinguent entre elles par la présence ou l'absence d'une nasale (et qui en l'occurrence se trouveraient rangées dans le TL respectivement sous ainsi et issi), par ex. ensi / issi, isi (mais a été exclu le type ensi / enssi, qui se serait réalisé par ex. à propos de 4318A) ; noter que VengRagP ne comporte que ensi et issi comme formes de l'adverbe "ainsi") ; fors / hors et defors / dehors ; isnelespas / en es les pas ; les formes de l'indéfini signifiant "on", "l'on" qui se distinguent entre elles par la présence ou l'absence de l comme on / l'on, l'en (mais les variantes de ce mot se distinguant par la présence ou absence de h- n'ont pas été consignées : par ex. à hon 4414 de VengRagP correspond on dans A) ; si / se ; sus / desus, sos / desos, sor (ou seur) / desor (ou deseur) / desus / desos / desor (ou deseur) et sus / sos / sor (ou seur) ; mais n'a pas été consigné par ex. le type sor 1655 de VengRagP / seur de A en 1655) ; toutes les variantes des verbes laissier, lacier, laschier (j'utilise la graphie du TL) et des mots de leur famille ont été consignées.

§3.2.3. Cas particulier : variantes graphiques des noms propres et des adjectifs formés sur des noms propres

§3.2.3.1. Considération variées 
En ce qui concerne les noms propres -- et hormis le cas du mot "Dieu" (traité §3.2.3.3) --, j'ai inclus les variantes graphiques, les noms propres étant dans leur écriture même une source riche d'enseignements sur le traitement par les copistes de la matière tant romanesque que linguistique : voir May Plouzeau dans Travaux de linguistique et de philologie 32 (1994) 207-221. Or, d'une part cette variation implique (naturellement) un jeu sur la présence ou absence d'abréviations et d'autre part, précisément dans le cas des noms propres, VengRagP manifeste les endroits du ms de base qui sont abrégés. En ne perdant pas de vue que dans le cas très particuliers des variantes graphiques des noms propres, les variantes sont données par rapport aux formes effectives du ms de base, et non par rapport aux formes (toujours développées) de VengRagP, on devrait réussir à se faire une idée de ce que porte chaque ms (en attendant les images numérisées), même si le résultat pratique est complexe.

§3.2.3.2. Variantes de noms propres : cas général 
On notera d'abord qu'à un cas de figure près, qui est exposé plus loin, les noms propres de la varia lectio ont été systématiquement munis d'une initiale majuscule (opposer par ex. notre varia lectio 3580B à ce que porte B : <kah':>) ; le cas de figure qui fait exception peut être illustré par la variante 4316A : "/./ Galesport (gales port MS)". En outre, si un nom propre doit figurer dans la varia lectio sous forme de sigle (voir infra), ce sigle est produit, non seulement avec majuscule, mais aussi avec des points d'encadrement, et ce, quelle que soit la pratique effective des copistes. Outre les variantes du type Baduc 3203A (Bauduc dans M), on trouvera également celles qui impliquent des noms propres formés à partir de mots courants (cf. Castiel sans Non 4976A, Castel sans Non dans M) ; en ce qui concerne les noms propres, le fait qu'un ms abrège alors que l'autre, au même endroit, écrit en clair, ce fait a été considéré comme variante, et toutes les variantes de ce type ont été notées, si minimes soient-elles. (Mais si une occurrence revêt la forme d'un sigle dans plusieurs mss et que ce sigle présente des variantes touchant présence/absence de point d'encadrement ou d'apostrophe, voire ductus de lettre, ces variations ne sont pas consignées.) Voici les cas de figures. Un nom est abrégé dans M et non dans A : on lit <.k.> en 499M mais Kex dans A au même endroit ; on lit donc en variante Kex ; dans ce cas, la forme de la "variante" est aussi ce que porte le texte édité, où l'on a développé Kex, mais il y a bien variante graphique entre les mss. On lit Keu en clair en 338M, alors que là, A porte <.k.> ; la forme ".K." est donc consignée dans la varia lectio de A. Le ms M porte <Gau.> au vers 380, alors que A porte <.G.> : ".G." est donné en variante. Au vers 815, A transcrit par un signe de nasalité le n de Gavains, tandis que M écrit toutes les lettres : on trouve donc "Gavains" comme "variante" de A. Si un nom propre ou partie de nom propre (cf. 684) doit apparaître dans la varia lectio en tant que partie de variante (qu'il figure à l'intérieur ou qu'il soit une borne de variante), plusieurs cas se présentent : si le nom comporte une variante par rapport au nom du ms de base, on procède comme précédemment ; si le nom est abrégé dans le ms objet de variante, on le reproduit sous la forme abrégée du ms, même si ce ms et le ms de base ont une notation identique : par ex., <.G.> de 2023A est aussi ce que porte M ; si le nom apparaît en clair rigoureusement de la même manière dans le ms objet de variante que dans la base, alors le nom est représenté par sa simple initiale suivie d'un point, cf. "Y. voire" 3553AB (on lit Ydain en clair dans A, B et M), "Y." 5986 (on lit en clair Yder dans A et M). Puisque dans ma varia lectio j'ai généralisé les points d'encadrement pour reproduire les sigles des noms propres des mss, des séquences de la varia lectio telles que "G." ou ".G." ne doivent pas être confondues. Il peut arriver qu'un nom propre doive figurer dans la varia lectio à d'autres titres que variante, partie de variante ou borne de variante. C'est ce que l'on peut voir dans l'exemple suivant :"deux points après Ydain" 3553A, où est décrite la ponctuation de A (or, M, ms de base, et A portent tous deux Ydain en clair à cet endroit). En de tels cas, le nom est écrit comme dans le ms et non au moyen de la simple initiale suivie d'un point.

§3.2.3.3. Le mot "Dieu" 
En ce qui concerne le mot "Dieu", M ne connaît que les formes Deu, Dex (jamais Deus), tandis que, à une exception près, A n'utilise respectivement que Diu, Dius (cette dernière forme toujours écrite intégralement en clair, sans que -us soit figuré par -x ou par un autre signe) ; l'exception figure en 1914, où l'on lit Deu dans A (rimant avec estreu de A, alors qu'en 2202, A écrit Diu rimant avec liu de A, et en 2309, Diu rimant avec leu de A). Les leçons Diu pour Deu et Dius pour Dex ont été systématiquement omises sauf si elles sont appelées à jouer le rôle de borne de variante, auquel cas elles sont intégralement écrites (cf. §3.2.1), par ex. en 33. On notera qu'aucun des mss n'utilise les formes , Dés et que le mot "Dieu" est absent des fragments L et B. Les variantes de Damerdeu, Damerdex ont toutes été données : elles n'impliquent pas seulement la fin du mot.

§3.3. Passages où le texte est conservé dans trois manuscrits 
Généralement, seules sont consignées les types de variantes énumérées §3.2 ; les exceptions sont du même ordre que celles que l'on rencontre dans le reste de la varia lectio (cf. mure / mule 3581). Aux endroits de la Vengeance Raguidel conservés dans trois manuscrits, les variantes de A et L (vers 1-29) et de A et B (vers 3484-3633) ont été respectivement groupées selon les conventions suivantes : dans le cas de leçon commune, AL ou AB, la graphie est celle de A ; lorsqu'il y a divergence entre A et L ou entre A et B à l'intérieur d'une leçon AL ou AB qui par ailleurs s'oppose globalement à M, le texte de L ou de B suit entre parenthèses celui de A (mot ou groupe rythmique) qui fait l'objet de la variante : ainsi, en 3596 à Or l'ainme et point de li amer de M correspond Or l'ainme il mout sans point d'amer dans A et Or l'ainmë il sans poit (sic) d'amer dans B.

§4. Abréviations et métagrammes utilisés dans le présent document

A ou A: ms Chantilly, Musée Condé 472 (base des vers 6003-6092 de VengRagP)
B ou B: ms Paris, BnF nouvelles acquisitions fr. 1263 (contient les vers 3484-3633 de VengRagP)
BnF: Bibliothèque nationale de France
L ou L: ms Paris, BnF fr. 2187 (contient les vers 1-29 de VengRagP)
lat.: latin
LFA: Laboratoire de Français Ancien (dirigé par France Martineau et Pierre Kunstmann, de l'université d'Ottawa)
M ou M: ms Nottingham, University Library MiLM 6 (base des vers 1-6002 de VengRagP)
ms: manuscrit
mss: manuscrits
p.: page
TL: Tobler (Adolf), Lommatzsch (Erhard), Altfranzösisches Wörterbuch ; Berlin, puis Wiesbaden, puis Wiesbaden et Stuttgart 1925- ; à partir du t. 11, a été weitergeführt par Hans Helmut Christmann
VengRag: ensemble du corpus de la Vengeance Raguidel transmis dans les mss A, B, L et M
VengRagP: texte de La Vengeance Raguidel édité par May Plouzeau et publié par le LFA 
/./ : indique que je pratique une coupure dans mes sources
<...> :  ces signes entourent des extraits de ms reproduits diplomatiquement

Un nombre suivi d'une lettre majuscule en italique collée contre lui réfère à un numéro de vers de VengRagP présent dans le document "Varia lectio de M" si cette lettre est M, et dans la page "Varia lectio de ABL" si cette lettre est A, B ou L ; exemples : "1869M" ou "après 4572A".

§5. Abréviations propres aux documents "Varia lectio de M" et "Varia lectio de ABL"

corr.: corrigé, corrigés ;
mq.: manque, manquent ;
var.: variante, variantes.

Date de mise à disposition sur le site : 11.08.2002
Dernière mise à jour: 13.01.2009

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