Source |
Occurrence |
Type de discours |
Verbe |
Mode et temps du verbe introducteur |
Ordre des mots introducteurs |
Énonciateur |
Destinataire |
Type de séquence |
Forme énonciative |
lignes 26-40 |
Quand nostre bourgois, plus subtil que ung regnard, eust gaigné la grace du compaignon, bien pou se soucya de parvenir à l'amour de sa femme; et en pou de jours tant et si trèsbien laboura que la vaillant femme fut contente d'oyr et entendre son cas. Et, pour y bailler remède convenable, ne restoit mais que temps et lieu; et fut à ce menée qu'elle luy promist que, tantost que son mary iroit quelque part dehors pour sejourner une nuit, elle incontinent l'en advertiroit. A chef de peche, ce desiré jour fut assigné, et dist le compaignon à sa femme qu'il s'en alloit à ung chasteau loingtain de Valenciennes environ trois lieues, et la chargea de bien se tenir a l'ostel et garder la maison, pource que ses affaires ne povoient souffrir que celle nuyt il retournast. |
discours indirect |
promettre |
indicatif passé simple |
sujet-verbe |
la femme |
le bourgeois |
monologale |
promesse |
lignes 31-42 |
Et, pour y bailler remède convenable, ne restoit mais que temps et lieu; et fut à ce menée qu'elle luy promist que, tantost que son mary iroit quelque part dehors pour sejourner une nuit, elle incontinent l'en advertiroit. A chef de peche, ce desiré jour fut assigné, et dist le compaignon à sa femme qu'il s'en alloit à ung chasteau loingtain de Valenciennes environ trois lieues, et la chargea de bien se tenir a l'ostel et garder la maison, pource que ses affaires ne povoient souffrir que celle nuyt il retournast. S'elle en fut bien joyeuse, sans en faire semblant en paroles, en manière, ne aultrement, il ne le fault jà demander. |
discours indirect |
dire |
indicatif passé simple |
verbe-sujet |
le compagnon |
la femme |
monologale |
assertion / annonce |
lignes 31-42 |
Et, pour y bailler remède convenable, ne restoit mais que temps et lieu; et fut à ce menée qu'elle luy promist que, tantost que son mary iroit quelque part dehors pour sejourner une nuit, elle incontinent l'en advertiroit. A chef de peche, ce desiré jour fut assigné, et dist le compaignon à sa femme qu'il s'en alloit à ung chasteau loingtain de Valenciennes environ trois lieues, et la chargea de bien se tenir a l'ostel et garder la maison, pource que ses affaires ne povoient souffrir que celle nuyt il retournast. S'elle en fut bien joyeuse, sans en faire semblant en paroles, en manière, ne aultrement, il ne le fault jà demander. |
discours indirect |
charger |
indicatif passé simple |
(sujet)-verbe |
le compagnon |
la femme |
monologale |
assertion / incitation |
lignes 59-66 |
Tandiz que ceste grand chière se faisoit, et veez cy jà retourné de son voyage bon mary, non querant ceste sa bonne adventure, qui heurte bien fort à l'huys de la chambre. Et, pour la compaignie qui y estoit, l'entrée de prinsault luy fut refusée jusques ad ce qu'il nommast son parain. Adonc il se nomma hault et cler, et bien l'entendirent et cogneurent sa bonne femme et le bourgois. |
discours indirect |
nommer |
subjonctif imparfait |
sujet-verbe |
le compagnon |
la compagnie |
monologale |
assertion |
lignes 66-74 |
Elle fut tant fort enserrée à la voix de son mary que à pou que son loyal cueur ne failloit; et ne savoit jà plus sa contenance, si le bourgois et ses gens ne l'eussent reconfortée. Le bon bourgois, tout asseuré, et de son fait très-advisé, la fist bien à haste coucher, et au plus près d'elle se bouta, et luy chargea bien qu'elle se joignist près de luy et caichast le visage qu'on n'en puisse rien appercevoir. Et, cela fait au plus bref qu'on peut, sans soy trop haster, il commenda ouvrir la porte. |
discours indirect |
charger |
indicatif passé simple |
(sujet)-verbe |
le bourgeois |
la femme |
monologale |
assertion / incitation |
lignes 69-76 |
Le bon bourgois, tout asseuré, et de son fait très-advisé, la fist bien à haste coucher, et au plus près d'elle se bouta, et luy chargea bien qu'elle se joignist près de luy et caichast le visage qu'on n'en puisse rien appercevoir. Et, cela fait au plus bref qu'on peut, sans soy trop haster, il commenda ouvrir la porte. Et le bon compaignon sault dedans la chambre, pensant en soy que aucun mistère y avoit, qui devant l'huys l'avoit retenu. |
discours indirect |
commander |
indicatif passé simple |
sujet-verbe |
le bourgeois |
la compagnie |
monologale |
assertion / incitation |
lignes 76-85 |
Et, quand il vit la table chargée de vins et de grandes viandes, ensemble le beau baing très bien paré, et le bourgois en très beau lit encourtiné avec sa secunde personne, Dieu scet s'il parla hault et blasonna bien les armes de son bon voisin. Or l'appelle ribaud, après lourdier, après putier, après yvroigne; et tant bien le baptise que tous ceulx de la chambre et luy avec s'en rioient bien fort. Mais sa femme à ceste heure n'avoit pas ce loisir, tant estoient ses lèvres empeschées de se joindre près de son amy nouvel. |
discours indirect |
appeler |
indicatif présent |
(sujet)-verbe |
le compagnon |
le bourgeois |
monologale |
assertion / insulte |
lignes 83-94 |
Mais sa femme à ceste heure n'avoit pas ce loisir, tant estoient ses lèvres empeschées de se joindre près de son amy nouvel. «Ha ! dist-il, maistre houllier, vous m' avez bien celée ceste bonne chère; mais, par ma foy, si je n'ay esté à la grande feste, si fault-il bien qu'on me monstre l'espousée.» Et, à ce coup, tenant la chandelle en sa main, se tire près du lit; et jà se vouloit avancer de hausser la couverture soubz laquelle faisoit grand penitence en silence sa très parfecte et bonne femme, quand le bourgois et ses gens l'en gardèrent; dont il ne se contentoit pas, mais à force, malgré chascun, toujours avoit la main au lit. |
discours direct |
dire |
indicatif passé simple |
verbe-sujet |
le compagnon |
le bourgeois |
dialogale |
exclamation |
lignes 100-111 |
Le bon compaignon, tousjours la chandelle en sa main, fut assez longuement sans dire mot. Et, quand il parla, ce fut en loant beaucop la trèsgrande beaulté de ceste sa femme; et afferma par ung bien grand serment que jamais n'avoit veu chose si trèsbien ressembler le cul de sa femme; et, s'il ne fust bien seur qu'elle fust à son hostel à ceste heure, il diroit que c'est elle ! Elle fut tantost recouverte, et il se tire arrière, assez pensif; mais Dieu scet si on luy disoit bien, puis l'un, puis l'aultre, que c'estoit de luy mal cogneu, et à sa femme pou d'honneur porté, et que c'estoit bien aultre chose, comme cy après il pourra veoir. |
discours indirect |
affirmer |
indicatif passé simple |
(sujet)-verbe |
le compagnon |
la compagnie |
monologale |
assertion |
lignes 100-111 |
Le bon compaignon, tousjours la chandelle en sa main, fut assez longuement sans dire mot. Et, quand il parla, ce fut en loant beaucop la trèsgrande beaulté de ceste sa femme; et afferma par ung bien grand serment que jamais n'avoit veu chose si trèsbien ressembler le cul de sa femme; et, s'il ne fust bien seur qu'elle fust à son hostel à ceste heure, il diroit que c'est elle ! Elle fut tantost recouverte, et il se tire arrière, assez pensif; mais Dieu scet si on luy disoit bien, puis l'un, puis l'aultre, que c'estoit de luy mal cogneu, et à sa femme pou d'honneur porté, et que c'estoit bien aultre chose, comme cy après il pourra veoir. |
discours indirect libre |
s. o. |
s. o. |
s. o. |
le compagnon |
la compagnie |
monologale |
exclamation |
lignes 100-111 |
Le bon compaignon, tousjours la chandelle en sa main, fut assez longuement sans dire mot. Et, quand il parla, ce fut en loant beaucop la trèsgrande beaulté de ceste sa femme; et afferma par ung bien grand serment que jamais n'avoit veu chose si trèsbien ressembler le cul de sa femme; et, s'il ne fust bien seur qu'elle fust à son hostel à ceste heure, il diroit que c'est elle ! Elle fut tantost recouverte, et il se tire arrière, assez pensif; mais Dieu scet si on luy disoit bien, puis l'un, puis l'aultre, que c'estoit de luy mal cogneu, et à sa femme pou d'honneur porté, et que c'estoit bien aultre chose, comme cy après il pourra veoir. |
discours indirect |
dire |
conditionnel présent |
sujet-verbe |
le compagnon |
la compagnie |
monologale |
exclamation |
lignes 100-111 |
Le bon compaignon, tousjours la chandelle en sa main, fut assez longuement sans dire mot. Et, quand il parla, ce fut en loant beaucop la trèsgrande beaulté de ceste sa femme; et afferma par ung bien grand serment que jamais n'avoit veu chose si trèsbien ressembler le cul de sa femme; et, s'il ne fust bien seur qu'elle fust à son hostel à ceste heure, il diroit que c'est elle ! Elle fut tantost recouverte, et il se tire arrière, assez pensif; mais Dieu scet si on luy disoit bien, puis l'un, puis l'aultre, que c'estoit de luy mal cogneu, et à sa femme pou d'honneur porté, et que c'estoit bien aultre chose, comme cy après il pourra veoir. |
discours indirect |
dire |
indicatif imparfait |
sujet-verbe |
la compagnie |
le compagnon |
monologale |
assertion |
lignes 107-116 |
Elle fut tantost recouverte, et il se tire arrière, assez pensif; mais Dieu scet si on luy disoit bien, puis l'un, puis l'aultre, que c'estoit de luy mal cogneu, et à sa femme pou d'honneur porté, et que c'estoit bien aultre chose, comme cy après il pourra veoir. Pour refaire les yeulx abusez de ce pouvre martir, le bourgois commenda qu'on le feist seoir à la table, où il reprint nouvelle ymaginacion par boire et menger largement du demourant du soupper de ceulx qui entretant ou lit se devisoient a son grand prejudice. |
discours indirect |
commander |
indicatif passé simple |
sujet-verbe |
le bourgeois |
domestique(s) |
monologale |
assertion / incitation |
lignes 111-122 |
Pour refaire les yeulx abusez de ce pouvre martir, le bourgois commenda qu'on le feist seoir à la table, où il reprint nouvelle ymaginacion par boire et menger largement du demourant du soupper de ceulx qui entretant ou lit se devisoient a son grand prejudice. L'eure vint de partir, et donna la bonne nuyt au bourgois et à sa compaignie; et pria moult qu'on le boutast hors de leans par la posterne, pour plustost trouver sa maison. Mais le bourgois lui respondit qu'il ne saroit à ceste heure trouver la clef; pensoit aussi que la serure fust tant enrouillée qu'on ne la pourroit ouvrir, pour ce que nulle foiz ou pou souvent s'ouvroit. |
discours indirect |
donner |
indicatif passé simple |
(sujet)-verbe |
le compagnon |
le bourgeois et sa compagnie |
monologale |
assertion |
lignes 111-122 |
Pour refaire les yeulx abusez de ce pouvre martir, le bourgois commenda qu'on le feist seoir à la table, où il reprint nouvelle ymaginacion par boire et menger largement du demourant du soupper de ceulx qui entretant ou lit se devisoient a son grand prejudice. L'eure vint de partir, et donna la bonne nuyt au bourgois et à sa compaignie; et pria moult qu'on le boutast hors de leans par la posterne, pour plustost trouver sa maison. Mais le bourgois lui respondit qu'il ne saroit à ceste heure trouver la clef; pensoit aussi que la serure fust tant enrouillée qu'on ne la pourroit ouvrir, pour ce que nulle foiz ou pou souvent s'ouvroit. |
discours indirect |
prier |
indicatif passé simple |
sujet-verbe |
le compagnon |
le bourgeois et sa compagnie |
monologale |
assertion / incitation |
lignes 116-130 |
L'eure vint de partir, et donna la bonne nuyt au bourgois et à sa compaignie; et pria moult qu'on le boutast hors de leans par la posterne, pour plustost trouver sa maison. Mais le bourgois lui respondit qu'il ne saroit à ceste heure trouver la clef; pensoit aussi que la serure fust tant enrouillée qu'on ne la pourroit ouvrir, pour ce que nulle foiz ou pou souvent s'ouvroit. Il fut au fort content de saillir par la porte de devant et d'aller le grand tour à sa maison; et, tandiz que les gens du bourgois le conduisoient vers la porte, tenant le hoc en l'eaue pour deviser, la bonne femme fut vistement mise sur piez, et en pou d'heure habillée et lassée de sa cotte simple, son corset en son bras, et venue à la posterne; ne fist que ung sault en sa maison, où elle attendoit son mary, qui le long tour venoit, trésadvisée de son fait et de ses manières qu'elle devoit tenir. |
discours indirect |
répondre |
indicatif passé simple |
sujet-verbe |
le bourgeois |
le compagnon |
monologale |
assertion |
lignes 116-130 |
L'eure vint de partir, et donna la bonne nuyt au bourgois et à sa compaignie; et pria moult qu'on le boutast hors de leans par la posterne, pour plustost trouver sa maison. Mais le bourgois lui respondit qu'il ne saroit à ceste heure trouver la clef; pensoit aussi que la serure fust tant enrouillée qu'on ne la pourroit ouvrir, pour ce que nulle foiz ou pou souvent s'ouvroit. Il fut au fort content de saillir par la porte de devant et d'aller le grand tour à sa maison; et, tandiz que les gens du bourgois le conduisoient vers la porte, tenant le hoc en l'eaue pour deviser, la bonne femme fut vistement mise sur piez, et en pou d'heure habillée et lassée de sa cotte simple, son corset en son bras, et venue à la posterne; ne fist que ung sault en sa maison, où elle attendoit son mary, qui le long tour venoit, trésadvisée de son fait et de ses manières qu'elle devoit tenir. |
discours indirect |
penser |
indicatif imparfait |
(sujet)-verbe |
le bourgeois |
le compagnon |
monologale |
assertion |
lignes 131-136 |
Véez cy nostre homme, voyant encores la lumière en sa maison, hurte à l'huys assez rudement. Et sa bonne femme, qui mesnageoit par léans, en sa main tenant ung ramon, demande ce qu'elle bien scet: «Qui est-ce là ?» Et il respond: «C'est vostre mary. — Mon mary ! dist-elle: mon mary n'est-ce pas; il n'est pas en la ville.» |
discours direct |
demander |
indicatif présent |
sujet-verbe |
la femme |
le compagnon |
dialogale |
interrogation |
lignes 132-141 |
Et sa bonne femme, qui mesnageoit par léans, en sa main tenant ung ramon, demande ce qu'elle bien scet: «Qui est-ce là ?» Et il respond: «C'est vostre mary. — Mon mary ! dist-elle: mon mary n'est-ce pas; il n'est pas en la ville.» Et il hurte de rechef et dit : «Ouvrez, ouvrez, je suis vostre mary. — Je cognois bien mon mary, dit-elle; ce n'est pas sa coustume de soy enclorre si tard, quand il seroit en la ville; allez ailleurs, vous n'estes pas bien arrivé; ce n'est point séans qu'on doit hurter à ceste heure.» |
discours direct |
répondre |
indicatif présent |
sujet-verbe |
le compagnon |
la femme |
dialogale |
assertion |
lignes 132-141 |
Et sa bonne femme, qui mesnageoit par léans, en sa main tenant ung ramon, demande ce qu'elle bien scet: «Qui est-ce là ?» Et il respond: «C'est vostre mary. — Mon mary ! dist-elle: mon mary n'est-ce pas; il n'est pas en la ville.» Et il hurte de rechef et dit : «Ouvrez, ouvrez, je suis vostre mary. — Je cognois bien mon mary, dit-elle; ce n'est pas sa coustume de soy enclorre si tard, quand il seroit en la ville; allez ailleurs, vous n'estes pas bien arrivé; ce n'est point séans qu'on doit hurter à ceste heure.» |
discours direct |
dire |
indicatif passé simple |
verbe-sujet |
la femme |
le compagnon |
dialogale |
exclamation |
lignes 132-141 |
Et sa bonne femme, qui mesnageoit par léans, en sa main tenant ung ramon, demande ce qu'elle bien scet: «Qui est-ce là ?» Et il respond: «C'est vostre mary. — Mon mary ! dist-elle: mon mary n'est-ce pas; il n'est pas en la ville.» Et il hurte de rechef et dit : «Ouvrez, ouvrez, je suis vostre mary. — Je cognois bien mon mary, dit-elle; ce n'est pas sa coustume de soy enclorre si tard, quand il seroit en la ville; allez ailleurs, vous n'estes pas bien arrivé; ce n'est point séans qu'on doit hurter à ceste heure.» |
discours direct |
dire |
indicatif présent |
(sujet)-verbe |
le compagnon |
la femme |
dialogale |
assertion |
lignes 132-144 |
Et sa bonne femme, qui mesnageoit par léans, en sa main tenant ung ramon, demande ce qu'elle bien scet: «Qui est-ce là ?» Et il respond: «C'est vostre mary. — Mon mary ! dist-elle: mon mary n'est-ce pas; il n'est pas en la ville.» Et il hurte de rechef et dit : «Ouvrez, ouvrez, je suis vostre mary. — Je cognois bien mon mary, dit-elle; ce n'est pas sa coustume de soy enclorre si tard, quand il seroit en la ville; allez ailleurs, vous n'estes pas bien arrivé; ce n'est point séans qu'on doit hurter à ceste heure.» Et il hurte pour la tierce, et l'appella par son nom, une foiz, deux foiz. Et adonc fist-elle aucunement semblant de le cognoistre, en demandant dont il venoit à ceste heure. |
discours direct |
dire |
indicatif présent |
verbe-sujet |
la femme |
le compagnon |
dialogale |
assertion / incitation |
lignes 136-148 |
Et il hurte de rechef et dit : «Ouvrez, ouvrez, je suis vostre mary. — Je cognois bien mon mary, dit-elle; ce n'est pas sa coustume de soy enclorre si tard, quand il seroit en la ville; allez ailleurs, vous n'estes pas bien arrivé; ce n'est point séans qu'on doit hurter à ceste heure.» Et il hurte pour la tierce, et l'appella par son nom, une foiz, deux foiz. Et adonc fist-elle aucunement semblant de le cognoistre, en demandant dont il venoit à ceste heure. Et pour response ne bailloit aultre que: «Ouvrez, ouvrez !» — «Ouvrez, dit-elle, encores n'y estes-vous pas, meschant houllier ? Par la force sainte Marie, j'aymeroie mieulx vous veoir noyer que seans vous bouter. Alez coucher en mal repos dont vous venez.» |
discours indirect |
demander |
participe présent |
s. o. |
la femme |
le compagnon |
monologale |
interrogation |
lignes 142-148 |
Et adonc fist-elle aucunement semblant de le cognoistre, en demandant dont il venoit à ceste heure. Et pour response ne bailloit aultre que: «Ouvrez, ouvrez !» — «Ouvrez, dit-elle, encores n'y estes-vous pas, meschant houllier ? Par la force sainte Marie, j'aymeroie mieulx vous veoir noyer que seans vous bouter. Alez coucher en mal repos dont vous venez.» |
discours direct |
bailler |
indicatif imparfait |
(sujet)-verbe |
le compagnon |
la femme |
dialogale |
assertion / incitation |
lignes 142-155 |
Et adonc fist-elle aucunement semblant de le cognoistre, en demandant dont il venoit à ceste heure. Et pour response ne bailloit aultre que: «Ouvrez, ouvrez !» — «Ouvrez, dit-elle, encores n'y estes-vous pas, meschant houllier ? Par la force sainte Marie, j'aymeroie mieulx vous veoir noyer que seans vous bouter. Alez coucher en mal repos dont vous venez.» Et lors bon mary de se courroucer; et fiert tant qu'il peut de son pié contre la porte, et semble qu'il doit tout abatre, et menace sa femme de la tant batre que c'est rage, dont elle n'a guères grand paour; mais au fort, pour abaisser la noise et à son aise mieulx diresa volunté, elle ouvrit l'huys, et, à l'entrée qu'il fist, Dieu scet s'il fut servy d'une chére bien rechignée, et d'un agu et bien enflambé visage. |
discours direct |
dire |
indicatif présent |
verbe-sujet |
la femme |
le compagnon |
dialogale |
assertion / incitation; interrogation |
lignes 142-159 |
Et adonc fist-elle aucunement semblant de le cognoistre, en demandant dont il venoit à ceste heure. Et pour response ne bailloit aultre que: «Ouvrez, ouvrez !» — «Ouvrez, dit-elle, encores n'y estes-vous pas, meschant houllier ? Par la force sainte Marie, j'aymeroie mieulx vous veoir noyer que seans vous bouter. Alez coucher en mal repos dont vous venez.» Et lors bon mary de se courroucer; et fiert tant qu'il peut de son pié contre la porte, et semble qu'il doit tout abatre, et menace sa femme de la tant batre que c'est rage, dont elle n'a guères grand paour; mais au fort, pour abaisser la noise et à son aise mieulx diresa volunté, elle ouvrit l'huys, et, à l'entrée qu'il fist, Dieu scet s'il fut servy d'une chére bien rechignée, et d'un agu et bien enflambé visage. Et, quand la langue d'elle eut povoir sur le cueur trèsfort chargé d'ire et de courroux, par semblant les parolles qu'elle descocha ne furent pas mains trenchans que rasoirs de Guingant bien affillez. |
discours indirect |
menacer |
indicatif présent |
(sujet)-verbe |
le compagnon |
la femme |
monologale |
assertion / menace |
lignes 155-168 |
Et, quand la langue d'elle eut povoir sur le cueur trèsfort chargé d'ire et de courroux, par semblant les parolles qu'elle descocha ne furent pas mains trenchans que rasoirs de Guingant bien affillez. Et entre aultres choses fort luy reproucha qu'il avoit par malice conclu ceste faincte allée pour l'esprouver, et que c'estoit fait d'un lasche et recreant courage d'homme, indigne d'estre allyé à si preude femme comme elle. Le bon compaignon, jà soit ce qu'il fust fort courroucé et mal meu par avant, toutesfoiz, pour ce qu'il voit son tort à l'œil et le rebours de sa pensée, refraint son ire; et le courroux qu'en son cueur avoit conceu, quand à sa porte tant hurtoit, fut tout à coup en courtois parler converty. |
discours indirect |
reprocher |
indicatif passé simple |
(sujet)-verbe |
la femme |
le compagnon |
monologale |
assertion / reproche |
lignes 163-176 |
Le bon compaignon, jà soit ce qu'il fust fort courroucé et mal meu par avant, toutesfoiz, pour ce qu'il voit son tort à l'œil et le rebours de sa pensée, refraint son ire; et le courroux qu'en son cueur avoit conceu, quand à sa porte tant hurtoit, fut tout à coup en courtois parler converty. Car il dit pour son excuse, et pour sa femme contenter, qu'il estoit retourné de son chemin pource qu'il avoit oublyé la lettre principale touchant le fait de son voyage. Sans faire semblant de le croire, elle recommence sa grande légende dorée, luy mettant sus qu'il venoit de la taverne et des estuves et des lieux deshonnestes et dissoluz, et qu'il se gouvernoit mal en homme de bien, maudisant l'eure qu'oncques elle eut son accointance, ensemble et sa trèsmaudicte allyance. |
discours indirect |
dire |
indicatif présent |
sujet-verbe |
le compagnon |
la femme |
monologale |
assertion / justification |
lignes 168-178 |
Car il dit pour son excuse, et pour sa femme contenter, qu'il estoit retourné de son chemin pource qu'il avoit oublyé la lettre principale touchant le fait de son voyage. Sans faire semblant de le croire, elle recommence sa grande légende dorée, luy mettant sus qu'il venoit de la taverne et des estuves et des lieux deshonnestes et dissoluz, et qu'il se gouvernoit mal en homme de bien, maudisant l'eure qu'oncques elle eut son accointance, ensemble et sa trèsmaudicte allyance. Le pouvre désolé, cognoissant son cas, voyant sa bonne femme trop plus qu'il ne voulsist troublée, helas ! et à sa cause, ne savoit que dire. |
discours indirect |
mettre sus |
participe présent |
s. o. |
la femme |
le compagnon |
monologale |
assertion / reproche |
lignes 168-178 |
Car il dit pour son excuse, et pour sa femme contenter, qu'il estoit retourné de son chemin pource qu'il avoit oublyé la lettre principale touchant le fait de son voyage. Sans faire semblant de le croire, elle recommence sa grande légende dorée, luy mettant sus qu'il venoit de la taverne et des estuves et des lieux deshonnestes et dissoluz, et qu'il se gouvernoit mal en homme de bien, maudisant l'eure qu'oncques elle eut son accointance, ensemble et sa trèsmaudicte allyance. Le pouvre désolé, cognoissant son cas, voyant sa bonne femme trop plus qu'il ne voulsist troublée, helas ! et à sa cause, ne savoit que dire. |
discours indirect |
maudire |
participe présent |
s. o. |
la femme |
le compagnon |
monologale |
assertion / reproche |
lignes 176-200 |
Le pouvre désolé, cognoissant son cas, voyant sa bonne femme trop plus qu'il ne voulsist troublée, helas ! et à sa cause, ne savoit que dire. Si se prend à meiser, et, à chef de sa meditacion, se tire près d'elle, plorant, ses genoulx tout en bas sur la terre, et dist les beaulx motz qui s'ensuyvent: «Ma trèschère compaigne et très-loyale espouse, je vous requier et prie, ostez de vostre cueur tout courroux que avez vers moy conceu, et me pardonnez au surplus que je vous puis avoir meffait. Je cognois mon tort, je cognois mon cas, et viens naguères d'une place où l'on faisoit bonne chère. Si vous ose bien dire que cognoistre vous y cuidoye, dont j'estoye trèsdesplaisant. Et pour ce que à tort et sans cause, je le confesse, vous avoie suspessonnée d'estre aultre que bonne, dont me repens amerement, je vous supplie et de rechef que tout aultre passé courroux, et cest icy, vous obliez; vostre grace me soit donnée, et me pardonnez ma folie.» Le maltalant de nostre bonne gouge, voyant son mary en bon ploy et à son droit, ne se monstra meshuy si aspry ne si venimeux : «Comment, dist-elle, villain putier, si vous venez de vos trèsinhonestes lieux et infames, est-il dit pourtant que vous devez oser penser ne en quelque fasson croire que vostre preude femme les daignast regarder? — Nenny, par Dieu; helas ! ce sçay-je bien, m'amye; n'en parlez plus, pour Dieu», dist le bon homme. |
discours direct |
dire |
indicatif passé simple |
(sujet)-verbe |
le compagnon |
la femme |
dialogale |
assertion / incitation |
lignes 178-201 |
Si se prend à meiser, et, à chef de sa meditacion, se tire près d'elle, plorant, ses genoulx tout en bas sur la terre, et dist les beaulx motz qui s'ensuyvent: «Ma trèschère compaigne et très-loyale espouse, je vous requier et prie, ostez de vostre cueur tout courroux que avez vers moy conceu, et me pardonnez au surplus que je vous puis avoir meffait. Je cognois mon tort, je cognois mon cas, et viens naguères d'une place où l'on faisoit bonne chère. Si vous ose bien dire que cognoistre vous y cuidoye, dont j'estoye trèsdesplaisant. Et pour ce que à tort et sans cause, je le confesse, vous avoie suspessonnée d'estre aultre que bonne, dont me repens amerement, je vous supplie et de rechef que tout aultre passé courroux, et cest icy, vous obliez; vostre grace me soit donnée, et me pardonnez ma folie.» Le maltalant de nostre bonne gouge, voyant son mary en bon ploy et à son droit, ne se monstra meshuy si aspry ne si venimeux : «Comment, dist-elle, villain putier, si vous venez de vos trèsinhonestes lieux et infames, est-il dit pourtant que vous devez oser penser ne en quelque fasson croire que vostre preude femme les daignast regarder? — Nenny, par Dieu; helas! ce sçay-je bien, m'amye; n'en parlez plus, pour Dieu», dist le bon homme. Et de plus belle vers elle s'incline, faisant la requeste pieça trop dicte. |
discours direct |
dire |
indicatif passé simple |
verbe-sujet |
la femme |
le compagnon |
dialogale |
assertion / interrogation |
lignes 192-201 |
Le maltalant de nostre bonne gouge, voyant son mary en bon ploy et à son droit, ne se monstra meshuy si aspry ne si venimeux : «Comment, dist-elle, villain putier, si vous venez de vos trèsinhonestes lieux et infames, est-il dit pourtant que vous devez oser penser ne en quelque fasson croire que vostre preude femme les daignast regarder? — Nenny, par Dieu; helas! ce sçay-je bien, m'amye; n'en parlez plus, pour Dieu», dist le bon homme. Et de plus belle vers elle s'incline, faisant la requeste pieça trop dicte. |
discours direct |
dire |
indicatif passé simple |
verbe-sujet |
le compagnon |
la femme |
dialogale |
assertion / incitation; exclamation |